Comment mieux choisir ses produits de beauté pour respecter la planète ?
La tendance d’une beauté éthique était déjà amorcée mais la crise sanitaire a accéléré le mouvement. Besoin de transparence, prise de conscience, volonté de consommer de façon plus éco-responsable… C’est indéniable, la façon de choisir ses produits de beauté a complètement changé. Décryptage d’experts.
Et si 2020 avait changé du tout au tout la manière de choisir nos produits de beauté pour mieux respecter la planète ? Cette année de pandémie, sous fond de crise écologique, économique et sociétale, nous aura laissés bien plus de temps à la maison que toutes les autres réunies. Ce qui, pour certaines, aura été synonyme de bilan, voire de remise en question dans leur manière de consommer et d’essayer de limiter les déchets.
L’exigence que l’on demande depuis quelques années à l’industrie alimentaire a fini par pénétrer le domaine de la beauté. On cherche maintenant à acheter de manière plus consciente, plus responsable, plus locale… Une tendance cristallisée par la crise sanitaire, et qui pourrait bien nous offrir la possibilité de bâtir un nouveau rapport aux produits de consommation du quotidien, et donc à nos cosmétiques.
Une prise de conscience générale
Il y a quelques années, nos produits de beauté étaient comme nimbés d’un halo de mystère. Nous ne nous attardions pas sur les listes d’ingrédients ni les étiquettes des produits, on n’y pensait même pas, voilà tout. Les promesses d’efficacité, la recherche d’un actif ou d’une texture en particulier achevaient de nous convaincre. Aujourd’hui, armés de notre smartphone sur lequel sont ouvertes des applications comme Yuka, nous parcourons les rayons à la recherche de LA nouvelle crème miracle, que nous choisirons après quelques coups de scan’.
Même si nous avons toujours du mal à décrypter les formules – tout le monde n’a pas forcément un doctorat en biochimie – certains termes scientifiques n’ont plus de secret pour nous. « Grâce à Internet, à l’accès à une information infinie et la multiplication des sources, nous nous sommes formés et nous déchiffrons sans problème des étiquettes auparavant incompréhensibles, confirme Anne-Marie Gabelica, créatrice de Oolution, gamme de soins 100% naturels et sans perturbateurs endocriniens. Le consommateur est monté en compétences. Résultat, son niveau d’exigence a lui aussi nettement augmenté. »
La santé avant tout chose
Ultra-informé, le consommateur sait exactement ce qu’il veut retrouver ou non dans la composition de son produit de beauté. On fuit les éléments identifiés comme irritants, occlusifs, soupçonnés d’être des perturbateurs endocriniens voire cancérigènes… La liste des « sans » se rallonge de mois en mois. Et la transparence est désormais de mise. L’industrie de la beauté, après celle de l’alimentaire, se met au pas. Depuis 2017, le groupe L’Oréal a enclenché cette démarche avec la mise en place d’un site internet (aucoeurdenosproduits.loreal.Fr) début 2019, qui liste environ un millier d’ingrédients utilisés dans ses différentes marques et répond point par point aux interrogations que se posent les consommateurs.
Une « curiosité légitime », à laquelle le groupe continue de donner suite. « Nous avons mis en place une campagne de communication sur les réseaux sociaux la deuxième semaine de janvier, détaille Pascale Mora, directrice de la communication scientifique du groupe L’Oréal. Nos experts ont répondu à toutes les questions de nos clients en direct, dans les fils de discussion. Au préalable, nous avions recensé les questions les plus fréquentes que se posaient nos consommateurs. » Sur la semaine, une dizaine de sujets souvent controversés, voire tabou, ont été abordés en détail : la question des tests sur animaux, l’utilisation de composants qui peuvent poser question – alcools, parabènes, silicones – mais aussi l’impact des filtres solaires sur la santé et celle de la planète. Une manière d’engager le dialogue avec un consommateur, qui fait parfois montre de défiance.
Des consommateurs plus citoyens
Alors que la prise de conscience est générale et que nous lisons désormais couramment les listes INCI, le regard se porte au-delà des seuls impacts écologiques et sur la santé. « Rassurer avec du clean et du bio ne suffit plus, affirme Karine Cottin, directrice du département marketing et consumer expérience chez Pierre Fabre. Les consommateurs attendent du sens, des engagements et des actes. Nous nous devons d’œuvrer en conscience des écosystèmes qui gravitent autour de notre marque, d’un point de vue des ressources naturelles mais aussi de l’éthique et de l’humain. » précise-t-elle. Une responsabilité qui pèse sur les entreprises, sachant que plus de huit personnes sur dix dans le monde comptent sur elles pour mener les grands enjeux sociétaux.*
Impossible également de dissocier le terme consommateur de celui de citoyen, qui devient un « consomm’acteur ». La transparence et la cohérence des marques elles-mêmes sont un nouvel élément motivateur d’achat. « La crise que nous vivons a cristallisé cela, confirme Anne-Marie Gabelica. Nous n’achetons plus seulement un produit, mais aussi une démarche d’entreprise. Aujourd’hui chacun est conscient que faire sa part est nécessaire. En tant que citoyen, nous avons un rôle à jouer dans nos choix de consommation, alimentaires comme cosmétiques. Si ces questionnements sont récents, c’est la pandémie qui les a révélés. »
Les marques locales et made in France privilégiées
Si la beauté se consomme maintenant comme la nourriture, le modèle de production et de distribution de nos cosmétiques s’en inspire également : actifs sourcés localement, possibilité de remonter la chaîne de fabrication jusqu’aux producteurs des ingrédients utilisés, gammes distribuées en circuit court… 2020 a aussi été l’année de l’arrivée fracassante de jeunes marques françaises, construites autour de ces pratiques plus écoresponsables et venues chambouler le monde de la beauté. Parmi elles, on notera la montée en puissance de La Rosée, petite marque toulousaine canon, mais aussi d’Almathéa, Les Candides… « En moyenne, entre le moment où la crème tourne dans les turbines et celui où elle est ouverte dans la salle de bains, il s’écoule deux ans », dénonce Juliette Lallier, fondatrice de Krème, nouvelle gamme de soins « frais » et distribués en circuit court. Ce qui induit deux complications : un gaspillage massif dû à une industrie d’échelle, et la nécessité d’incorporer des conservateurs dans la formule pour la stabiliser. Une problématique qui, si l’on fait attention à ce que l’on met dans son assiette, ne nous est pas étrangère.
Remettre en lumière et glamouriser certaines plantes françaises, c’est le second élément autour duquel s’est créé Krème. « Nous avons en France un climat tempéré où tout pousse avec des actifs exceptionnels », s’enthousiasme sa fondatrice. Un argument que défend également Laure-Anne de Tastes, co-créatrice de Cultiv, marque française et bio qui se base sur un cocktail d’actifs autour de quatre légumes phares (betterave, chicorée, épinard, melon) cultivés en France et en agriculture biologique. « Notre point de départ était la valorisation du terroir français. Mais ce que nous avons ressenti après la création de Cultiv en mars 2020, c’est une volonté forte de la part des consommateurs d’acheter français, au plus proche de chez soi possible. Mais également de faire vivre et valoriser celles et ceux qui travaillent sur notre sol. » Une impression nettement traduite dans les chiffres : avec la crise, plus de sept Français sur dix se disent aujourd’hui prêts à payer plus cher pour consommer local. Et vous ?
* Selon un rapport du baromètre de confiance Eden Edelman de janvier 2021.
Crédits photos : Photo Fabrice Bouquet, Réalisation visuelle Dominique Evêque
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