Barbara Butch, ambassadrice La Belle Intense de Jean Paul Gaultier : « Je me sens la porte-voix de nombreuses minorités »
BODY POSITIVE – Depuis le début de sa carrière, Jean Paul Gaultier aime chambouler les critères de beauté. Et la nouvelle ambassadrice de son parfum La Belle Instense sur les réseaux sociaux témoigne encore de son flair : en choisissant Barbara Butch, DJ, modèle grande taille et militiante LGBTQ, le créateur s’est trouvé une ambassadrice qui décomplexe… et nous inspire !
A propos de
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Jean Paul Gaultier
Pour mieux lutter contre la grossophobie, elle se définit comme une « fat activist », comprendre une « pro graisse ». A 40 ans, elle est aussi devenue une muse. Déjà DJ, militante LGBT et femme bien dans sa peau et ses kilos, Barbara Butch n’en revient toujours pas d’avoir été choisie pour incarner le parfum Belle Intense de Jean Paul Gautlier, une variation suave et exotique, fleurant bon la poire, la vanille, le jasmin ou encore la fève tonka, de son Classique sorti en 1993. « C’est une version envoûtante et enivrante, quand je le porte, je me sens puissante, invincible et belle », déclare-t-elle, en véritable apôtre du body positivisme
Sa rencontre avec Jean Paul Gaultier, créateur célébrant tous les types de beauté depuis le début de sa carrière, était une évidence. Alors que son parfum Le Mâle vient de fêter ses 25 ans, l’enfant terrible de la mode a choisi de carrosser sa Belle telle une odalisque. Avec son col ourlé de roses dorées, son buste plus volumineux et son rouge sensuel semble avoir été façonnée selon les courbes de Barbara Butch. Celle-ci nous délivre un message d’amour, à commencer par l’amour qu’il faut se porter à soi-même, totalement rafraîchissant et enveloppant !
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« J’espère contribuer au renversement des diktats imposés aux femmes »
GALA : Vous incarnez le parfum La Belle Intense sur Instagram. Qu’est-ce que ça représente pour vous ?
Barbara Butch : Beaucoup. Jean Paul est un créateur que j’adore. On n’a pas trop l’habitude de voir des filles grosses comme moi dans des campagnes publicitaires. C’est une forme de reconnaissance de ma beauté, celle d’une femme de 40 ans, corpulente, politisée et militante. Je me sens la porte-voix de nombreuses minorités. J’espère contribuer au renversement des diktats imposés aux femmes.
GALA : Vous affirmez que lorsque vous portez ce parfum, vous vous sentez « puissante, invincible et belle »…
Barbara Butch : C’est vrai, je le pense. La forme de la bouteille représente un corps de femme avec des formes, des seins, des fesses. C’est un peu moi… en moins forte, tout de même ! Et le parfum sent bon le voyage, il inspire la gourmandise. Il donne envie de soleil et de hammam…
GALA : Vous postez beaucoup de photos de vous dénudée sur votre compte Instagram. Quel rapport entretenez-vous avec la nudité ?
Barbara Butch : Il est très simple car pour moi, je ne dévoile rien d’autre qu’une paire de seins et une peau de femme. Ça n’a rien de vulgaire, ni d’impudique. De plus, un corps comme le mien est tellement peu montré et on use de tellement de formules pour le qualifier : vénus callipyge, tableau de Botero, j’en passe et des meilleurs… Poser nue n’est pas un appel à la sexualisation, c’est juste une manière de dire que j’existe. Qu’on existe.
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« Mon combat consiste à mettre les gens face à ce qu’ils ne veulent pas voir »
GALA : Vous vous revendiquez « fat activist ». Vous pouvez nous en dire plus ?
Barbara Butch : Mon combat consiste à mettre les gens face à ce qu’ils ne veulent pas voir. Beaucoup sont grossophobes et ne supportent pas de nous regarder. Tantôt on inspire des pires sentiments d’horreur, tantôt les gens se prennent pour des médecins ou des diététiciens, nous assénant des conseils que nous n’avons pas demandés. Les médecins sont eux aussi grossophobes. Par exemple, si je consulte pour un mal de gorge, on me répond qu’il n’y a rien à faire, qu’il faut maigrir ! Chez le gynéco, c’est plutôt : « comment voulez-vous que je vous osculte avec toute cette graisse ? » Comme s’il fallait « sauver » les gros. C’est tellement violent. Me battre contre tous ces clichés est devenu une priorité. Les gros ne sont pas uniquement des gens qui passent leur temps sur un canapé à manger des burgers. Et quand bien même ! On ne choisit pas d’être gros.
GALA : On imagine que vous avez dû tenter un nombre incalculable de régimes…
Barbara Butch : Bien sûr. On nous a tellement répété qu’on allait mourir si on ne maigrissait pas ! J’ai tout essayé, à m’en rendre malade. Jusqu’à ce que je prenne conscience qu’il fallait que je commence par ignorer la pression sociale, avant toute chose. Que je m’autorise à exister telle que je suis.
GALA : Vous militez aussi pour la cause LGBT…
Barbara Butch : Oui, j’ai créé Rivers, une structure qui organise des concerts et des évènements pour venir en aide aux associations LGBT. Je mets aussi en avant des causes féministes, ça me tient à cœur.
GALA : Vous êtes lesbienne. Le culte du corps est-il aussi important que chez les garçons homosexuels ?
Barbara Butch : Merci de le dire, les gens n’osent pas prononcer le mot ! Oui, je suis lesbienne, je l’assume et je le vis très bien. C’est important pour moi d’en parler, que ce soit écrit, car là aussi, il faudrait que deux femmes qui s’aiment n’ait plus rien d’anormal. Pour répondre à votre question, je dirais que le culte du corps obsède la société en général. À ceci près : les femmes s’interrogent beaucoup, se remettent en question et sont plus ouvertes d’esprit.
« Je dis à tout le monde, y compris ceux qui ne m’aiment pas, que je les aime »
GALA : Être aimée aide à se sentir belle ?
Barbara Butch : L’amour est primordial ! Mais il faut apprendre à s’aimer avant. Être aimée est la cerise sur le gâteau. L’amour que l’on reçoit tout au long de notre vie nous aide à nous construire, nous insuffle force et pouvoir. C’est pourquoi je dis à tout le monde, y compris ceux qui ne m’aiment pas, que je les aime profondément. La campagne du parfum Belle Intense n’est qu’un grand lâcher d’amour.
GALA : Vous êtes DJ, le milieu de la nuit, censé être ouvert à tous et faire tomber toutes les barrières, vous a-t-il-aidée ?
Barbara Butch : Effectivement, l’obscurité permet beaucoup de choses et met à l’aise. Mais ce n’est pas la nuit qui m’a aidée et transformée. C’est la musique. C’est elle qui m’a aidé à lâcher prise, il n’y a pas mieux pour gagner en estime de soi.
GALA : Durant certaines de vos performances, vous affichez des mots écrits sur votre corps, principalement des insultes. Pour quelle raison?
Barbara Butch : J’anticipe ce que les gens vont penser de moi. C’est une façon de l’atmosphère. Mais aussi détourner les insultes qui forment mon identité de femme, de lesbienne et de grosse. Après un dj set réussi, quand les gens ont tout donné sur le dancefloor, je pleure de joie (ndlr, pendant le couvre-feu, Barbara Butch organise les soirées virtuelles Lappartchezmoi sur zoom un samedi sur deux)
GALA : Avez-vous une routine beauté ?
Barbara Butch : J’utilise les produits Clarins dont je suis addict. J’applique sur mon visage – car oui, j’ai 40 ans !- l’Extra-Firming jour et la CC Crème d’Erborian. Je porte toujours du rouge à lèvres, notamment ceux de Gemey Meybelline, parce que ça donne bonne mine. Quant au parfum, après avoir porté Cuirs de Carner Barcelona ces cinq dernières années, je m’intéresse à la maison Pierre Guillaume. Je n’aime que les parfums de créateurs…
Crédits photos : SDP Jean-Paul Gaultier
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